L’immeuble La Pergola se situe dans le quartier actuel dit « des musiciens », c’est-à-dire dans la ville « moderne » des années 1919-1939, partie alors en pleine extension de Nice grâce à la loi et au Comité Cornudet (1921) qui met en place un plan d’embellissement et d’extension de la ville. Pendant une dizaine d’année, le quartier de la Pergola passe d’un état quasi vierge à l’explosion architecturale de nos jours. Cette période d’effervescence architecturale coïncide aussi avec celle de l’épanouissement de l’Art déco à Nice, pendant laquelle les artisans et les architectes vont utiliser tous les arts décoratifs, toutes les techniques, tous les matériaux. La Pergola est construit en 1926 et est actuellement construction protégée au titre du PLU. S’inscrivant dans le courant ornemental Art déco, l’immeuble est unique par la richesse des matériaux, des couleurs et des techniques. Il témoigne aussi d’un pont de passage entre les techniques de la fresque et du sgraffite héritée d’une longue tradition venue d’Italie et les techniques « modernes », du béton coloré et de la céramique. La Pergola est aussi unique dans le sens où il est un des derniers représentants des immeubles peints en totalité à fresque à Nice pour la période Art déco. Au début des travaux de ravalement que la copropriété a démarrés en octobre 2016, il était prévu de restaurer une frise gravée au 2ème et 5ème étages. Or les travaux de décapage réalisés par l’entreprise AD AFFRESCO ont révélé une autre frise au 1er étage, des frises sur les oriels du bâtiment, un béton coloré sur toute la partie du RDC et sur les balustrades du 2ème étage. À côté de l’entreprise principale AD AFFRESCO, la société ARTS DÉCORATIFS AFFRESCO, membre de notre groupe et spécialisée dans les métiers d’art du bâtiment et les analyses de laboratoire, est intervenue afin de compléter les travaux initiaux par : la continuation des travaux de découverte de zones traitées à fresque ne figurant pas dans le marché de base initial ; l’élaboration la présente étude de stratigraphie à soumettre aux ABF et à la DRAC ; la restitution des décors complémentaires découverts sur le 1er étage et oriels ; la restitution des éléments en feuille d’or de 24 carats.
L’immeuble La Pergola s’avère donc être un riche et unique ensemble de matériaux, de couleurs et de motifs spécifiques de la période Art déco niçoise : deux types d’enduits : les enduits à la chaux avec de superbes décors à dominante bleu Outremer et jaune Ocre safran représentant une pergola (et donnant ainsi tout son sens au nom de l’immeuble), réalisés dans une technique ancienne à mi-chemin entre la fresque et le sgraffite ; et les enduits ciment coloré qui viennent innover par rapport à l’enduit traditionnel à la chaux (se situant au rez-de-chaussée et sur les balustres des garde-corps du second étage) ; le magnifique tapis de tesselles de céramiques vernissées encadrant la porte d’entrée et la fenêtre au-dessus de la porte d’entrée, ainsi que deux rectangles de tesselles de céramiques situées au 1er étage (les noms de rues Verdi et Guiglia) ; Les ferronneries aux motifs floraux avec des dessins différents d’étage en étage, ce qui est assez rare.
Tous ces éléments découverts lors du déroulement du chantier de ravalement actuellement en cours, sous les yeux émerveillés des copropriétaires et des passants, nous conduisent à la conclusion que l’immeuble La Pergola, par la riche déclinaison de ses motifs (« pergola », « maritime », « balnéaire », « moderne »), de ses vives couleurs et de ses matériaux intenses, est un témoin unique de la période Art déco niçoise.
D’autant plus qu’il est un des derniers représentants des immeubles peints en totalité à fresque à Nice pendant cette période.
La restauration de ces décors témoignant du savoir-faire niçois – par leur force chromatique et leur matière intense unissant la tradition (la chaux) à l’innovation (le ciment coloré) – contribue à l’embellissement de la ville de Nice, ainsi qu’à la conservation et à la transmission de son inestimable patrimoine architectural.
Le choix des acteurs impliqué dans ce processus a été la restitution des décors et des techniques à l’identique et la remise donc en valeur de ce bâtiment unique et bouleversant.